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L’émergence d’une conscience écologique au Mali

 

Alors que les 12ièmes rencontres de Bamako ouvraient le 30 novembre 2019 sur le thème des courants de conscience, il m’a semblé intéressant de me pencher sur l’émergence d’une conscience écologique au Mali. A Bamako, j’ai rencontré un jeune activiste citoyen contre le dérèglement climatique.

A l’image de sa muse, Greta Thunberg, Fousseyni Traore, 27 ans, a à son initiative plusieurs dizaines d’opérations de sensibilisation, de nettoyage, de formation, de plantation, mais aussi de protestation. La relève du courant Fridays For Future a son porte-parole au Mali avec son « association écologie citoyens pour le climat - Mali ».

 

Initié très jeune par un oncle enseignant et cultivateur, il se rend compte assez vite des incidences du réchauffement climatique (irrégularité des productions, sécheresses, inondations). Il commence alors son combat en sensibilisant ses proches et son quartier, malgré les insultes. « Il faut un éveil des consciences au Mali ». « Nous souffrons de discrimination écologique en Afrique. Les feux en Amazonie en 2019 ont été très médiatisés, mais est-ce qu’on a parlé des feux en Afrique » ? Au même moment, d’après un rapport de la NASA, il y a eu cinq fois plus de départs de feu qu’en Amérique du sud (même si ce n’est pas pour les mêmes raisons) :  il faut remettre en cause la culture sur brûlis qui est négative pour l’environnement et permettre aux agriculteurs d’accéder à des techniques et du matériel moderne.

 

Après un état des lieux environnemental (coupe de bois, infrastructures d’évacuation des eaux bouchées, déchets brûlés, décharges non contenues et sans traitement, disparition des jardins du fleuve au bénéfice des promoteurs immobiliers, pas de station d’épuration des eaux), élevages, nous nous sommes rendus au bord du fleuve Niger qui est littéralement à l’agonie.

 

Espace de vie indispensable aux maliens (pêche, maraîchage, espace traditionnel sacrificiel), il est pourtant un lieu de pollution extrême où les tanneurs et teinturiers continuent de travailler, où une partie de la population se lave, nettoie son linge ou ses motos, où les industries rejettent leurs eaux, où l’on jette ses déchets, où l’on cultive trop intensément aussi, où l’on récupère le sable pour la construction, où l’on cherche de l’or.

 

Lors de notre parcours, nous avons eu l’occasion de rencontrer et d’interroger des populations ignorant tout de ce sujet d’actualité (des jeunes étudiants désœuvrés, ou des jeunes actifs n’ayant pas fait d’études), mais aussi des acteurs engagés qui s’allient à Fousseyni dans son combat, et des citoyens conscients des enjeux écologiques mondiaux.

Fousseyni ne s’engage pas qu’à moitié. En parallèle de son association, il utilise les réseaux sociaux pour suivre les autres activistes dans le monde, et dénoncer ce qui ne va pas au Mali. 

Il avait mis en place une action pilote : ‘plastique contre nourriture’, mais il n’a pas trouvé de bailleurs pour développer son idée (transformer le poids de déchets plastiques en équivalent de nourriture).

 

Enfin, il programme pour 2020 de travailler avec les écoles (éducation environnementale), et de continuer la sensibilisation vers les régions (Kanikoro, Sikassou, Kati, etc), d’organiser des journées de salubrité (quartiers, hôpitaux – nettoyage, curage de caniveaux) et des campagnes de reboisement pendant l’hivernage.

Bamako, décembre 2019

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