Fowu Xale
Samu social Dakar - 2016
Article à lire
Ce reportage a fait l'objet d'une exposition dans les locaux du Samu Social dans le cadre du OFF de la biennale d'art contemporain de Dakar en 2016
Le reportage sur les enfants du Samu Social s’est fait grâce à un heureux concours de circonstances. Après trois ans de photographie, alors que j’opère un virage à 100% vers le reportage documentaire, je suis contactée par une bénévole du Samu Social qui souhaite faire référencer le Samu sur mon blog. J’en profite alors pour lui demander un contact et je rentre en relation avec Isabelle de Guillebon. C’est ainsi que commence le projet qui durera plusieurs mois entre octobre 2015 et janvier 2016.
Au-delà de la galère et du traumatisme que vivent les enfants des rues au Sénégal, il m’a fallu un peu de temps avant de décider d’axer mon reportage vers le côté positif de l’accueil de ces enfants exclus de la société plutôt que sur l’enfer de la vie dans les rues ou sur les urgences de nuit grâce auxquelles souvent ils arrivent dans les centres de prise en charge.
Comment ré-apprendre à vivre, à jouer, à étudier quand on vit dans la rue ?
Comment ré-apprendre à trouver une place dans la société, à se comporter comme un enfant, à comprendre ce qui est arrivé ?
Avec l’aide du Samu Social et des autres ONG, les enfants qui le souhaitent peuvent se reposer et se soigner. Le jour, les activités permettent de les stimuler et de leur rappeler qu’il existe une vie plus adaptée à celle de la rue : cours d’alphabétisation, sport, poterie, jeux, promenades, football, chant, toutes ces activités permettent à l’enfant de se replacer dans un contexte lié à son âge, à son statut de mineur, et à réfléchir sur sa fragilité dans la rue. Règles des jeux et discipline, apprentissage de l’alphabet, partage des repas et des charges quotidiennes, autant d’espaces clairement définis pour leur fixer des limites, Psychologue, infirmières et animateurs les entourent en permanence.
La nuit, ils sont en sécurité dans les locaux du Samu Social.
De jour en jour, certains partent, d’autres restent.
J’ai suivi pendant plusieurs semaines les enfants dans leurs activités, découvrant leur quotidien, leurs rires à la fois gais et cassés, leur joie de vivre, de façade ou pas. J’ai essayé de les suivre au plus près, de saisir leurs émotions, l’instant présent.
Impossible de montrer des visages identifiables, le défi technique était donc de montrer sans montrer. Particulièrement attachée à montrer les détails, je crois bien que cela n’a que peu influencé le reportage, bien que parfois j’ai pu le regretter : de nature espiègle, les enfants aiment naturellement être pris en photo et prendre des poses. Il était donc frustrant de leur expliquer que je n’avais pas le droit de les prendre de face. Enfin presque, car si les photos qui sont destinées à la vente se doivent de protéger le droit à l’image des enfants, les autres photos, dont une grande partie sera destinée aux archives documentaires du Samu, ne sont pas soumises à cette règle là.
Le reportage achevé, il restera une trace du passage de certains d’entre eux. Des enfants qui on l’espère auront pu profiter de leur passage au Samu Social pour redevenir des enfants.