top of page

Siggil - relève toi

 

« Mariage forcé » : union contractée sans le consentement libre et entier des deux parties.

La série Siggil (stand up) présente des portraits de femmes. Ces portraits sont anonymes car si au Sénégal, les femmes mariées de force avant l'âge de 18 ans représentent 1/3 de la population, on ne les voit pas, et on en parle peu. Ce problème de société n’est pas l’apanage du Sénégal, malheureusement…

J’ai rencontré S. et son expérience m’a bouleversée. En quelques bribes de conversation, voici ce qu’elle a vécu il y a plusieurs années….

 

« Il m’a dit : « vous savez, tu seras ma femme ».

Je ne pleurais pas parce qu’on m’avait « déviergée », je pleurais parce que je ne l’avais pas fait avec celui que j’ai choisis moi-même ».

J’ai fugué avec la complicité d’une copine… On est allé me chercher, on m’a ramenée chez mes parents. C’était la parole des vieilles, il fallait obéir.

J’ai demandé le divorce. Il m’a insultée, il est parti dans son taxi, direction l’aéroport.

Je suis partie, je ne suis jamais revenue.

« Sénégalaisement », après un divorce, la femme elle est vulnérable. La femme qui est divorcée il faut qu’on la marie vite sinon elle va se donner ailleurs. Mais ce qu’elle ne sait pas c’est que la fille elle-même va détester les hommes.

« La femme n’aime pas mais elle s’habitue à l’homme ». Je pense que c’est faux. Même si on s’habitue je pense qu’un jour l’amour va se présenter quand même et là on va tromper son mari malgré le mariage.

Ma mère essaye de m’appeler. Mais avec tout ce que j’ai vécu je ne peux pas pardonner. Je la respecte c’est tout. Avant sa mort, mon père m’a supplié d’oublier ça. Mais c’est ancré en moi ».

 

Comment peut-on parler de quelque chose qu’on ne peut pas montrer et qu’on n’a pas vécu ? Cette question m’a préoccupée pendant plusieurs semaines avant que j’utilise le moyen d’expression féminin par excellence, corporel.

Les femmes parlent avec leur corps, il peut révéler toute leur personnalité, leurs frustrations, leur résignation, leurs tensions, mais aussi leur refus et leur désir de dire NON.

À travers sa chorégraphie et le visage découvert, la danseuse, en aparté, invite les femmes à se lever, la tête haute. Un petit film est consacré à la chorégraphie.

Ces portraits ne sont que des étendards pour évoquer un état de fait, une prise de conscience, un engagement personnel, une obligation morale. Un courant, par ailleurs, engagé et féministe, qui depuis deux ans secoue une partie de la planète, mais dont on parle encore trop peu en Afrique.

 

Voir la vidéo : dans la rubrique Essais

bottom of page